Alumni | Témoignage de Mme Maëlyss BARRANCO

1/ Quel a été votre parcours étudiant au sein de la Faculté de droit de CY Cergy Paris Université ?

Maëlyss Barranco -  « Originaire de Normandie, j’ai toujours été passionnée par les langues et les cultures étrangères, ce qui m’a naturellement orientée vers le DU anglo-américain de CY Cergy Paris Université. Ce choix correspondait à la fois à la continuité de mon parcours scolaire, ayant obtenu un bac OIB (Option Internationale du Baccalauréat britannique), ainsi qu'à mes aspirations professionnelles, car je souhaite évoluer dans un environnement international. Le double diplôme en droit anglo-américain à CY a été une expérience que je n’ai jamais regrettée. J’ai eu l’opportunité d’apprendre auprès de professeurs natifs des pays de common law, notamment des États-Unis, ce qui a enrichi ma compréhension de ces systèmes juridiques en les comparant avec le système français.
En dehors de l’enseignement, j’ai rencontré des étudiants partageant les mêmes centres d'intérêt. Par exemple, mes discussions avec ma colocataire (qui suivait le parcours du DU espagnol et latino-américain) m’ont permis d’élargir ma perspective sur l’application du droit dans différentes régions du monde. »

2) Pourquoi avez-vous choisi de réaliser votre Erasmus en Norvège ?

Maëlyss Barranco - « L’aspect linguistique a été déterminant dans mon choix, car les Norvégiens sont reconnus pour leur maîtrise de l’anglais. Cela a grandement facilité mon intégration tout en me permettant de continuer à perfectionner mes compétences linguistiques. De plus, ce qui m’a particulièrement attirée, c’est aussi le mode de vie norvégien, souvent qualifié de paisible, respectueux de l’environnement et centré sur des pratiques sportives.
Étant passionnée de sport, je savais que la Norvège, avec ses nombreuses activités de plein air telles que le ski alpin, le ski de fond, le patinage sur les lacs gelés et la randonnée, répondrait parfaitement à mes aspirations. Mon amour pour la nature et l'aventure a également joué un rôle clé dans mon choix. Ce pays est réputé pour ses paysages époustouflants, notamment ses fjords, ses montagnes, et bien sûr, ses magnifiques aurores boréales. »

3) Pouvez-vous nous expliquer comment et pourquoi vous vous êtes retrouvée à couvrir l’annonce du prix Nobel pour Radio Nova (radio Norvégienne) ?

Maëlyss Barranco - « Il est facile de se retrouver entouré uniquement d’étudiants internationaux lors d’un Erasmus, surtout quand la plupart des cours sont partagés avec eux. Mais je tenais absolument à m’immerger dans la culture norvégienne en côtoyant des Norvégiens. C’est ainsi que je me suis inscrite à un forum d’associations organisé par l’Université d’Oslo, où une grande variété d’activités étaient proposées : aviron, quidditch, chant a cappella, photographie et surtout Radio Nova, la plus grande radio étudiante norvégienne.

Fondée à Oslo en 1982, Radio Nova compte plus de 200 journalistes et techniciens, et sert souvent de tremplin vers NRK, la principale institution de diffusion audiovisuelle en Norvège.
Après plusieurs entretiens, j’ai été sélectionnée pour rejoindre l’émission anglophone « Snakker Ikke Norsk » (qui signifie « Je ne parle pas norvégien »). Mon rôle principal était de rédiger et de présenter des chroniques en anglais chaque dimanche sur des sujets variés. J’ai adoré collaborer avec mes co-chroniqueurs pour préparer des débats fluides, gérer les contraintes de temps et surmonter les défis techniques du direct. La taille réduite de la radio m’a permis de m’impliquer dans plusieurs tâches, telles que la programmation d’émissions, la transformation de celles-ci en podcasts, et la gestion des réseaux sociaux pour accroître notre visibilité.

Ce que j’ai le plus apprécié, c’était d’inviter des personnes et de les interviewer. J’aimais particulièrement les contacter, les convaincre de participer, et créer un environnement propice à des échanges ouverts et spontanés. L'une de mes expériences les plus marquantes a été l’interview d’une professeure de droit de l’université d’Oslo, qui a abouti à la publication de l’article intitulé « Fighting Patriarchal Dynamics in Business Law: A Conversation with Beate Sjåfjell ». Cependant, ce qui m’enthousiasmait encore davantage, c’était d’aller à la rencontre de personnes lors d'événements. J’ai eu l’opportunité d’interviewer des groupes de musique dans les coulisses d’un festival, juste avant qu’ils ne montent sur scène. C’est dans cet esprit que j’ai pris l’initiative de contacter le Centre Nobel de la Paix, qui m’a délivré une accréditation pour assister à l’annonce du prix Nobel de la Paix 2023. »

4) Quel a été votre rôle lors de cette journée ?

Maëlyss Barranco -  « Le jour de l’annonce, nous sommes arrivés en avance sur les lieux. Les techniciens avaient déjà installé leur matériel autour du pupitre où Berit Reiss-Andersen (présidente du comité Nobel) allait révéler le nom du lauréat. La salle, décorée de couleurs vertes, blanches et dorées, avec des colombes incrustées dans le plafond, symbolisait la paix et l’harmonie. Seuls quelques journalistes étaient présents, quasiment tous étaient des norvégiens.

Après plusieurs tests techniques, j’ai pris l’antenne pour décrire l’atmosphère de la salle, soulignant son calme, sans savoir si c’était lié à la nature des Norvégiens ou à la solennité du moment. J’ai ensuite évoqué des faits marquants de l’histoire du prix Nobel et rappelé les enjeux contemporains de cette distinction.
À onze heures précises, Berit Reiss-Andersen s’est avancée vers le podium et après un long silence, a annoncé le nom de la lauréate, Narges Mohammadi. Les journalistes se sont alors précipités pour commenter la nouvelle. Après l’annonce, nous avons eu l’opportunité d’échanger brièvement avec la présidente du comité.

Cette expérience, survenue à peine un mois après mon arrivée en Norvège, m’a motivée à partager mon ressenti dans un article publié sur le site de Radio Nova.
Le lendemain, j’ai assisté à une table ronde publique sur le parcours de Narges Mohammadi. Quelques mois plus tard, j’ai couvert la conférence de presse de sa famille et interviewé des manifestants venus défiler en son honneur. J’ai aussi eu l’immense privilège d’assister à la cérémonie officielle du prix Nobel de la paix, un moment inoubliable de cette expérience. »

5) Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté personnellement et professionnellement ?

Maëlyss Barranco - « Partir en Erasmus en Norvège a été une expérience inoubliable, que je recommande vivement. Consciente des appréhensions de certains étudiants à l’idée de partir à l’étranger, j’ai documenté mon aventure dès mon arrivée en Norvège à travers une série de vidéos sur YouTube. J’y ai partagé ma rentrée à l’Université d’Oslo, présenté des comparaisons culturelles, expliqué comment organiser un voyage à Bergen, ou encore goûté à des spécialités culinaires. Académiquement, ce séjour m’a permis de développer de nouvelles compétences, notamment en m’adaptant à de nouvelles méthodes d’apprentissage et en confrontant différentes visions du droit. »

6) Qu’avez-vous ressenti en recevant le prix du meilleur article web de l’année 2023 ?

Maëlyss Barranco - « Les entreprises norvégiennes organisent traditionnellement un grand repas de Noël, appelé Julebord, pendant lequel la radio dans laquelle je travaillais remet ses prix annuels. C’est lors de cette cérémonie que j’ai reçu le prix du meilleur article web de l’année 2023. Je n’en revenais pas, car je n’avais même pas connaissance de ma nomination. D’autant plus que j’avais intégré la radio quelques mois seulement auparavant ! J’ai donc dû improviser un discours devant près de 200 personnes. Je garde un excellent souvenir de ce moment partagé avec mes amis de la radio. Ce prix symbolise pour moi l’importance de saisir toutes les opportunités, même lorsqu’elles semblent intimidantes. »

7) Que souhaitez-vous faire après votre Erasmus ?

Maëlyss Barranco - « Grâce à mon travail à Radio Nova, j’ai rencontré des personnes issues du milieu artistique. Tout en poursuivant ma formation juridique, je veillais à poser des questions juridiques lors de mes interviews, ce qui m’a amenée à découvrir le droit de la propriété intellectuelle. Cette nouvelle passion me conduit à poursuivre un Master 1 en Droit de la propriété intellectuelle, du numérique et de l’espace à l’Université Paris-Saclay. »